PELLÉAS ET MÉLISANDE

LES SIÈCLES

Pelléas et Mélisande, le seul opéra achevé par Debussy, est sans doute l’une des oeuvres les plus envoûtantes qui soient. Il nous revient ici dans une distribution idéale dont Patricia Petibon et Stanislas de Barbeyrac dans les rôles-titres.

1902, l’année de la création de Pelléas et Mélisande, est aussi celle du Jongleur de Notre-Dame de Massenet, qui dix ans plus tôt a donné Werther. Tout sépare les deux compositeurs : Massenet poursuit à sa manière, flatteuse et sentimentale, une certaine tradition. Debussy, lui, inaugure un univers, comme il l’avait déjà fait avec le Prélude à l’Après-midi d’un faune. Cet univers, en réalité, il en est le seul habitant : Pelléas restera un objet unique, imprévu, inimitable. Par la musique, bien sûr, qui invente une manière d’arioso d’une grande souplesse porté par un orchestre à la fois très présent et très mystérieux. Par le texte de Maeterlinck ensuite, qui raconte une histoire d’amour et de mort dans un cadre intemporel.

Pour aborder cet opéra dans lequel chaque mot compte, sont ici réunis des chanteurs qu’il semble difficile d’égaler aujourd’hui, dont la diction et le sens de la phrase ne sont plus à dire, du timbre mozartien un peu sombre de Stanislas de Barbeyrac à la noirceur de Jean Teitgen, de la voix riche de lumière de Patricia Petibon à celle, pleine d’autorité, de Lucile Richardot. Simon Keenlyside est le seul qui ne soit pas français, mais le rôle de Golaud lui est très familier. Au pupitre, François-Xavier Roth qui, à la tête de son orchestre Les Siècles, retrouvera les couleurs instrumentales dont rêvait Debussy, chez qui il entend « une sorte de dégradé d’émotions absolument unique ».